Un centenaire à ne pas manquer : 1915-2015
Par A. TRIFIN
Le 19
décembre 2015 est une date marquante puisqu'à cette occasion, cela
fera exactement cent ans qu’Edith Piaf est née. Ce monument incontournable
dans l’histoire de la chanson française est souvent évoqué soit à travers ses
titres les plus célèbres, soit à travers ses nombreuses relations amoureuses.
Si celles-ci furent passagères et durent en moyenne deux ans, Piaf avait sans
doute un sens plus durable de l’amitié : le couple Bonel, Simone Berteaut,
Marlène Dietrich ou encore sa compositrice attitrée, Marguerite Monnot…
La relation entre Edith Piaf
et l’actrice Nita Raya (nom patronymique Raïssa Beloff), née la même année que
la chanteuse (1915) et décédée le 25 mars 2015 à 99 ans, est sans doute moins
connue. Vers la fin des années 50, Nita Raya, tout en étant une meneuse de
revues aux Folies-Bergère, va de temps à autre chanter et assurer la première partie des spectacles de Piaf. Nita Raya écrira également les textes de deux
chansons sur la musique de deux compositeurs d'Edith parmi les plus talentueux
: Marguerite Monnot (1903-1961) et Charles Dumont.
Ces chansons sont intitulées
« Je m’imagine » et « Toujours aimer ».
De son côté, Edith Piaf écrira
le texte de deux chansons qui seront chantées par Nita Raya : « Il est jaloux » et Moi j’aime l’amour ». La musique a été écrite par Charles Dumont
mais ces chansons resteront confidentielles.
Une photographie des deux
stars parues dans La Presse Magazine en
couverture montre cette indéfectible amitié.
Durant toute sa carrière,
Edith Piaf a encouragé son entourage masculin ou féminin à s’investir dans
l’une ou l’autre carrière artistique. Grâce à elle, de nombreux talents se sont
révélés et ont connu une carrière et une renommée phénoménales.
C’est en effet pendant sa
période « Piaf », (c'est-à-dire vers la fin des années 50 jusqu’à la
moitié des années 60 (1966)), que l’actrice/chanteuse Nita Raya, ex-compagne de
Maurice Chevalier, va signer les paroles de plusieurs chansons dues à divers
compositeurs. On ne trouve aucune trace d’œuvre qui aurait été écrite
ultérieurement à cette date.
Nita Raya était affiliée à la Sacem en tant qu’auteure de
chansons. Certaines de ses partitions sont éditées généralement chez Méridian
et Concorde. Parmi son répertoire qui ne semble pas comporter de nombreux
textes, les deux chansons interprétées par Edith Piaf vont connaitre un succès
durable et feront l’objet de rééditions discographiques. Ces deux chansons ont
été traduites dans d’autres langues (espagnol).
Texte des deux chansons (chantées
par Edith Piaf)
« Je
m’imagine »
(Musique de Marguerite Monnot,
paroles de Nita Raya (1960))
Je m’imagine
ton enfance
Avec tes grands yeux étonnés,
Oh ! Comme j’envie ceux que la chance
A fait grandir à tes côtés.
J’aurais tant
voulu te connaitre
Depuis des années, des années…
Tu serais devenu mon maitre
Moi, ton esclave passionnée.
J’aurais aimé
vivre dans l’ombre,
Au moindre souffle intervenir
Pour éclairer tes heures
sombres,
Faire partie de tes
souvenirs..
Mais
parle-moi de ta jeunesse
Que je veux suivre pas à pas,
Dans tes plaisirs, dans tes
tristesses,
Dans tes soucis et dans tes
joies.
Si tu savais
comme je veux boire
Les mots de ta bouche adorée.
Tu me raconterais des histoires
Sans jamais vouloir t’arrêter.
Tu me dis que
ta vie commence
Depuis que tu m’as rencontrée
Et que jamais tu ne repenses
Aux évènements de ton passé…
Répète encore
pour moi ces choses
Qui pénètrent au fond de mon
cœur.
Ah ! mon amour, redis ces choses,
Ces choses qui ressemblent au
bonheur.
Est-ce vrai
que là, dans ta tête
Rien d’autre ne te fait envie
Et que jamais tu ne regrettes
D’être mon homme pour la
vie ?
« Toujours aimer »
(Musique de Charles Dumont,
Paroles de Nita Raya (1961) )
On n’a pas
dans le cœur de quoi toujours aimer,
Et l’on verse des pleurs en
voulant trop aimer.
On croit être sincère, on
croit avoir trouvé
Le seul être sur terre qu’on
ne peut remplacer
On n’a pas dans le cœur de
quoi toujours aimer
Et l’on verse des pleurs en
voulant trop aimer
Un jour on se réveille, ce
n’est plus tout à fait
Le rayon de soleil qui vous
embellissait.
On regrette
le temps où l’on pouvait s’aimer,
On regrette le temps où le
cœur s’emballait
Il ne nous reste plus que
quelques souvenirs
De pauvres souvenirs qu’on
cherche à retenir.
Mais moi,
j’ai dans le cœur de quoi toujours aimer
J’aurai toujours assez de
larmes pour pleurer.
J’aurai toujours assez de
rires pour effacer
Les tristes souvenirs
accrochés au passé.
Mais moi, j’ai dans le cœur de
quoi toujours aimer,
J’aurai toujours assez de
larmes pour pleurer,
Je veux toujours aimer, je
veux toujours souffrir.
Si je n’dois
plus aimer, moi je préfère mourir.
Mais moi, j’ai dans le cœur de
quoi toujours aimer,
Mmmmm…..Mmmmm….